Total, quatrième géant pétrolier et gazier mondial, est le champion toutes catégories de la pollution et de l’évasion fiscale. Cette multinationale, qui figure dans le top 50 mondial des émetteurs de CO2, a versé 5,4 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires en 2013, mais ne paie aucun impôt sur les sociétés en France et pourrait même, comble de l’ironie, recevoir 80 millions d’euros au titre du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et du crédit d’impôt recherche (CIR) !
Nouveaux horizons avec les sables bitumineux et les gaz de schiste
Total est le second opérateur gazier d’Argentine, deuxième réserve mondiale de gaz de schiste selon l’Agence internationale de l’énergie. Dans la province de Neuquén, en Patagonie, Total possède onze concessions d’hydrocarbures non conventionnels, dont trois empiètent sur l’aire naturelle protégée Auca Mahuida.
En Alberta, au Canada, Total, présent depuis 1999, exploite les sables bitumeux, pétrole le plus sale du monde. La multinationale peut compter sur le soutien de François Hollande, qui a notamment vanté le « savoir faire » de Total au cours de sa visite au Canada en novembre 2014, au mépris des lourds impacts sociaux et climatiques de ces projets.
Et maintenant l’Algérie
Total cherche à s’implanter dans le sud de l’Algérie, qui détiendrait les troisièmes réserves mondiales de gaz de schiste. Ainsi, Total avait acquis la participation maximale de 49 % (51 % ont été, par la loi, attribués à la compagnie nationale Sonatrach) sur le permis d’Ahnet, une zone située à proximité de la ville d’In Salah. Les forages ont démarré sans aucune consultation de la population locale et ont donné lieu à une forte contestation depuis le début de l’année 2015.
Si l’exploitation des gaz de schiste présente des risques sanitaires avérés, la plus grande aberration de ces projets dans le Sahara concerne les énormes besoins en eau, qui sera pompée dans les nappes fossiles. Avec l’ajout des adjuvants chimiques nécessaires à la fracturation, ces mêmes nappes fossiles deviendront impropres à la consommation. Tout cela n’affecte toutefois nullement Total, ni l’État français qui continue de soutenir ce projet. Le contexte de corruption endémique du pays et l’autoritarisme du régime ne semblent pas non plus freiner ces investissements.
Nous souhaitons soutenir cette mobilisation en mettant la pression sur Total afin que la multinationale se retire de ce projet controversé, qui aura des conséquences désastreuses sur les écosystèmes et les populations locales.