Pourquoi ?
Unilever, une multinationale parmi les autres
Présente dans plus de 100 pays, Unilever est la 4e multinationale de l’agroalimentaire (après Nestlé, PepsiCo et Kraft Foods). Le groupe Unilever possède plus de 400 marques, dont une trentaine commercialisées en France. Unilever a réalisé 51 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012 (dont 2,6 milliards en France) et a dégagé 5 milliards d’euros de bénéfices.
Adepte de “l’optimisation fiscale”, la multinationale a créé en Suisse Unilever Supply Chain Company, entité dont la seule fonction est d’assécher les marges des sites de production. Chaque année, 200 millions d’euros échappent ainsi au produit intérieur brut de notre pays, soit 67 millions d’euros de recettes fiscales !
Délocalisations : deux exemples que nous connaissons
En 2000, Unilever rachète la société Amora Maille et délocalise les vinaigrettes en République Tchèque et le ketchup en Turquie. Les cornichons vendus sous les marques Amora et Maille, jadis récoltés dans l’Yonne, proviennent maintenant de Chine ou d’Inde. En 2008, les usines de Dijon et de l’Yonne sont fermées.
Même scénario pour l’usine Fralib (Française d’alimentation et de boisson) située à Gémenos dans les Bouches-du-Rhône, qui emploie 182 personnes pour produire les produits Lipton et Eléphant. En septembre 2010, le groupe Unilever choisit de fermer son usine pour délocaliser sa production en Pologne.
Un projet de Scop viable
Les salarié.e.s de Fralib souhaitent maintenir leur emploi et continuer la production en reprenant l’entreprise sous forme de société coopérative et participative (Scop). Le projet de la Scop “T.I.” (pour “thés et infusions”) est reconnu économiquement viable. Il permet le maintien de l’emploi et le développement d’une production locale, écologique et équitable.
Le pot de thé contre le pot de fer !
La multinationale Unilever ne veut rien entendre et maintient la fermeture du site. S’engage alors un bras de fer entre les Fralib et Unilever. Le plan social proposé par le groupe est refusé en novembre 2011 par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, décision confirmée depuis.
La communauté urbaine de Marseille a racheté les locaux ainsi que, pour un euro symbolique, les outils de production. Ne manque plus aux Fralib que le droit de commercialiser leur production sous la marque Eléphant, qu’Unilever prévoyait d’abandonner au profit de la seule marque Lipton.
Pour que les Fralib puissent commencer leurs activités de production de thés et tisanes à partir de produits locaux, à base de plantes de Provence comme le tilleul et la menthe, nous devons les soutenir en boycottant les marques Unilever, à commencer par Lipton !
Questions/réponses
Pourquoi soutenir spécifiquement les Fralib alors que les délocalisations concernent de nombreuses entreprises ?
Face au flot de fermetures d’entreprises, celle de l’usine Fralib peut sembler banale. Pourtant, elle montre clairement que les délocalisations, même si elles sont au cœur de la logique de la mondialisation, ne sont pas une nécessité économique : ce n’est pas le “coût du travail” en France qui forcerait les entreprises à délocaliser, c’est leur soif d’augmentation du profit qui les conduit à fermer des entreprises et à mettre au chômage des millions de personnes.
Surtout, la lutte des Fralib est emblématique de notre aspiration à la transition sociale et écologique. Les ancien.ne.s salarié.e.s d’Unilever s’engagent dans une démarche qui marie économie, démocratie et écologie : une entreprise autogérée qui relocalisera la production en relançant des filières courtes abandonnées (tilleul et camomille de Provence) et du commerce équitable (thé du Vietnam).
Est-ce qu’un appel au boycott peut être efficace ?
L’appel au boycott est un levier pour construire un rapport de forces favorable aux Fralib dans leurs revendications face à la direction d’Unilever. Les trois années de discussion avec la direction d’Unilever ont montré que son seul souci était d’augmenter ses bénéfices. L’appel au boycott, ciblé sur une revendication atteignable, popularise la lutte des Fralib et menace les profits d’Unilever en attaquant son image de marque. Nous utilisons ainsi le seul argument que le groupe peut comprendre.